05.12.2004

Je vais me réveiller ce jour-là avec une pensée de plus: une pensée pour des lutins qui avaient décidé, un jour de douce ivresse, de mettre encore un grain à leur folie, semer ce grain pour en faire des mots, des poésies, des histoires - des livres; entrer dans la vie des gens par cette porte: la porte de la parole écrite, même dans le virtuel, et ne plus en sortir.

Un jour, on m'a ouvert cette porte et me voilà partie dans un grand voyage, avec des personnages plus ou moins... non! plus! Les personnages les plus attachants de ma vie actuelle. Cela commençait à manquer à mon bonheur: les livres. Les livres m'ont toujours accompagnée, d'un train à l'autre, d'un bus à l'autre, d'une maison à l'autre... d'une solitude à l'autre. Ce sont ces livres-là qui manquaient à ma vie: les livres de mon enfance. Et un en particulier.

Je me souviens comme si c'était hier, de ce Noël-là!
Emmitouflée dans des habits chauds, j'allais partir chanter les chants de Noël devant les portes des maisons où il faisait bon vivre. La neige en abondance donnait un air irréel à ce début de nuit; tout brillait de blanc, le silence n'était rompu que par le bruit de nos pas s'enfonçant dans les tas de neige arrivant jusqu'en haut de nos petites cuisses. Parfois on restait coincés, prisonniers de cette masse de blancheur. Alors, les plus grands venaient à notre secours.

Nous avions presque fini notre tournée, nos petits sacs qui recevaient ce que les gens nous offraient comme récompence pour nos chants et vœux d'avant Noël commençaient à peser lourd. Encore une maison et on pouvait, enfin, rentrer chez nous, nous réjouir de ces petites choses aux goût sucré, aux odeurs qui allaient réveiller nos papilles.
Cette maison je la connaissais bien; tous les jours, sur le chemin de l'école, je voyais La Dame à la Fenêtre, me demandant si elle était bien réelle cette apparition derrière les rideaux. Elle me voyait aussi et nous échangions des regards muets. Et parfois même, je lui donnais le beau rôle dans les histoires que mon imagination tissait. Une fois, j'ai pénétré dans cette maison. Un Vieux Monsieur m'avait fait visiter une pièce avec des étagères pleines de livres, beaucoup de livres. Et mes yeux auraient voulu tous les parcourir. Mais, la Dame à la Fenêtre n'y était pas!

Donc, nous voilà devant sa porte. Certains d'entre nous avaient la trouille, car des bruits courraient dans le village: des bruits disant que cette maison était La Maison de la Folle. Moi, je n'ai jamais eu peur, mais plutôt une curiosité que j'allais, enfin, peut-être assouvir: elle ouvrira la porte, elle-même, écoutera nos chants et ensuite de sa main nous allions recevoir des petits riens. Je pourrai bien la regarder cette fois, de près.
La porte s'ouvrit, le Vieux Monsieur écouta nos voix tremblantes: le froid, la peur? Les deux, peut-être. Ensuite il nous distribua des noix, des biscuits... et, quand mon tour vint, il mit dans mes mains un livre et me regarda bien dans les yeux: un regard bienveillant. Si le Père Noël existait, il aurait ce regard-là. J'ai serré le livre bien contre moi et la porte se ferma.
Ce n'était pas pour ce soir-là ma rencontre avec La Dame à la Fenêtre!

Nous sommes rentrés chacun chez soi. Je n'avais qu'une envie: pouvoir enfin ouvrir le livre, me plonger entre ses pages. Les noix, biscuits et autres friandises pouvaient attendre.
J'ai retrouvé mon coin-refuge et, même si la nuit était bien avancée, j'ai caressé de mes yeux la couverture du livre: "Sans famille", d'Hector Malot. Ensuite je suis entrée dans l'univers de Rémi. Un univers que je connaissais un peu, moi aussi!

Cette nuit d'avant Noël je la garde précieusement dans ma mémoire. D'autres attendaient le Père Noël... Moi, je n'attendais qu'une rencontre avec La Dame à la Fenêtre. Est-ce peut-être, parce que ce soir-là, ma mère me manquait? Et les autres soirs, aussi... En échange, j'ai rencontré Rémi avec lequel j'ai passé Noël. A chaque fois quand les lumières de fin d'année brillent, le cadeau du Vieux Monsieur se renouvelle dans l'âme de la petite fille que j'étais... et que je continue à être.

Alors, le Noël qui pointera bientôt le bout de son nez sera pour vous, mes Lutins, qui m'avez accueillie dans votre humble demeure litérnetique et m'avez offert en cadeau le plus beau de mes rêves: les rêves des autres à mettre en page. Dans chacun d'eux je laisserai un peu de moi, de chacun d'eux je prendrai un peu plus à chaque fois.

Foto ©Dinu Lazar




Les rêves sont faits pour être, un jour, atteints ne serait-ce que du bout des doigts.
J'aimerais bien pouvoir continuer à rêver avec vous un bon bout de chemin... peut-être jusqu'au bout.

Que votre Noël soit doux! Un peu comme cela:


«odeur de mandarines
et de bougies que l'on éteint
picotements d'aiguilles de sapins
étoiles en cortège
envie de neige...
recettes de cuisines
avec des mots qui sentent bon
odeurs de pain d'épices et de marrons
lumière aux fenêtres
envie de fête...
dentelles de vitrines
en farandole à l'infini
la ville s'illumine dans la nuit
ma tête s'éclabousse
de chansons douces... »

....à Noël,
la première pensée de Zeta sera pour vous

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